L'airsoft : qu'est-ce que c'est ?

Plus j’entends parler d’airsoft autour de moi, dans les médias et autres, plus je me rends compte qu’énormément de personnes ne comprennent pas — ou mal — de quoi il s’agit précisément. Cette « ignorance » de ce qu’est l’airsoft provoque souvent la réaction classique d’un être humain face à ce qu’il ne connait pas : la peur. Cet article vise donc à expliquer ce qu’est l’airsoft, en espérant que cela puisse aider certaines personnes.

Table des matières

  1. Qu'est-ce que l'airsoft ?
  2. Les valeurs apportées par l'airsoft
  3. Témoignages d'airsofteurs
  4. Le problème de classification des répliques

Qu’est-ce que l’airsoft ?

Les personnes non informées vous répondront, s’ils sont gentils, « une bande de jeunes qui joue à la guerre ». Pourtant, sous ses aspects parfois impressionants, l’airsoft est un sport comme un autre où il règne une excellente ambiance que je ne retrouve nulle part ailleurs… Avant toute chose, définissons ce qu’est un sport :

Le sport est une activité qui requiert un effort physique et/ou mental et qui est encadré par un certain nombre de règles et coutumes. Le sport se joue en équipe ou individuellement. La plupart du temps l’activité sportive se déroule dans un cadre compétitif. Plusieurs valeurs sont requises pour pratiquer un sport tel qu’entre autres la compétitivité, le fair play, l’organisation, la réflexion, la fraternité et le respect de l’autre. Alma France

L’airsoft colle parfaitement à cette définition. Contrairement à ce que certaines personnes pensent, il y a un bon nombre de règles à respecter pour faire de l’airsoft. Par exemple, lorsqu’un joueur arrive à une partie, il doit généralement passer avec sa (ses) réplique(s) chez un organisateur pour payer sa participation aux frais et passer au chronographe — un outil servant à mesurer la puissance des répliques — par la même occasion, afin de vérifier qu’elle(s) soi(en)t dans les limites de puissance acceptables. Les répliques sont des répliques d’armes propulsant à l’aide d’air comprimé ou de gaz des billes en plastique (ou en amidon de maïs) d’un diamètre de 6 mm. Une réplique dont la puissance n’est pas dans les limites prévues ne pourra pas être utilisée.

Ma réplique, une FN F2000, avec une lunette de type ACOG

Il y a également des règles de sécurité, telles que les distances de tir minimales, le fait de devoir porter des chaussures hautes et le fait de ne jamais sortir de la safe zone (zone où l’on se prépare) sans protection oculaire. Il est souvent recommandé de porter un masque pour la partie inférieure du visage, mais ce choix est généralement laissé aux joueurs. Si ces règles ne sont pas respectées, le joueur fautif recevra généralement d’abord un avertissement avant de se voir demander de rentrer chez lui. On préfèrera généralement tirer dans le torse que dans la tête, sauf s’il n’y a que cette dernière qui dépasse et que le joueur porte un masque.

En plus des règles à respecter, il y a des scénarios à suivre pour chaque partie. Les airsofteurs ne se tirent donc pas dessus pour se tirer dessus, il y a bel et bien un objectif par derrière. Parmi les scénarios classiques, nous pouvons citer le célèbre « capture the flag », qui consiste à aller chercher un drapeau dans la base adverse pour le ramener dans la sienne, les parties « conquête » qui consistent à prendre et défendre un maximum de points dispersés sur le terrain et finalement, l’escorte de VIP, qui consiste à escorter une personne — le VIP, généralement équipé uniquement d’une réplique de poing — d’un point A à un point B.

Un joueur qui se fait toucher se déclare hors-jeu généralement en criant bien fort « out » et en levant la main. Dépendant du scénario, il peut alors soit être soigné par un médecin, soit retourner à sa base pour se remettre en jeu. Lors de certaines parties, les joueurs ont également un nombre limité de vies. Une fois ces vies épuisées, ils devront attendre la partie suivante pour rejouer.

L’airsoft, de par sa nature, apporte un certain nombre de valeurs aux personnes pratiquant ce sport. L’honnêteté et le fair-play sont, de toute évidence, des valeurs cruciales, les joueurs se déclarant hors-jeu eux-mêmes. Citons également la camaraderie, la fraternité, le travail d’équipe, la solidarité, la confiance, le soutien, le respect et l’honneur.

Témoignages d’airsofteurs

Afin d’illustrer mon article, j’ai interviewé deux airsofteurs : un Para-Commando et un enquêteur à la Police Judiciaire.

Interview de Jonathan, Para-Commando au 2e Bataillon de Flawinne

Présente-toi

Je m’appelle Jonathan, je suis de Sambreville, j’ai 30 ans et je suis en couple. Mes passions sont mon métier, l’airsoft, le 4x4, la randonnée et la mécanique.

Je suis Para-Commando depuis 12 ans au 2e Bataillon de Commando de Flawinne. J’y ai occupé diverses fonctions telles que tireur Minimi, tireur MAG, tireur d’elite, adjoint de section et j’en passe. J’ai également bien voyagé, que ce soit pour des manœuvres ou des engagements opérationnels (Liban, Congo, Bénin et divers pays d’Europe).

Sur les terrains d’airsoft, mon pseudo est « SIX » ; je suis team leader de la BSAT depuis 2009. J’ai quelques OP (opérations, ndlr.) à mon actif, dont la Border War 5. J’ai une préférence pour la Milsim (simulation militaire, ndlr.), mais je joue également aux parties « dominicales » presque chaque dimanche. Concernant la Milsim, celle-ci est interdite en Belgique et je la pratique donc uniquement à l’étranger.

Qu’est-ce qui t’a poussé à commencer l’airsoft ?

Après l’acquisition d’une réplique par passion pour les armes, on a commencé à jouer avec des amis et mon père. Par la suite, nous avons été invités à rejoindre notre première team par un de mes collègues; déjà pratiquant. Plus tard, avec quelques joueurs avec qui j’ai sympathisé, nous avons créé notre team : la BSAT.

Que t’apporte l’airsoft ?

L’airsoft m’a permis de faire beaucoup de rencontres, voire de me faire de nouveaux amis. Fatalement, il me permet également de « m’entrainer » pour certaines techniques de combat, surtout en CQB (combat rapproché, ndlr.). En effet, la « billistique » n’est pas fort différente de la balistique en CQB, étant donné les courtes distances d’engagement. Sur les longues distances, ça change complètement et on perd le côté entrainement, mais ça n’en est pas moins amusant !

Quels sont les points communs entre l’airsoft et le métier de militaire ?

L’esprit de camaraderie, l’esprit d’équipe et le respect des règles. Sur les terrains d’airsoft, on est « déguisé » en militaire, mais cela se limite à ça ; les airsofteurs ne sont pas des militaires.

Quelles sont les différences entre l’airsoft et le métier de militaire ?

À l’armée, la nuance est que ce n’est pas un jeu ; les erreurs se paient cash (blessures, etc.).

On porte tous le même uniforme. On ne choisit pas quand un exercice ou une mission commence, ni quand elle s’achève. On peut être absent pour de longues périodes (jusqu’à 4 mois).

En tant que militaire, on prête un serment de fidelité au Roi et un serment d’obéissance aux lois et à la Constitution.

Je jure fidélité au Roi, obéissance à la Constitution et aux lois du Peuple belge. Serment des militaires, des mandataires politiques et des fonctionnaires

Il y a des valeurs patriotiques derrière mon métier. Sans ces valeurs, nous serions des mercenaires.

Que pensent tes « collègues » du fait que tu fais de l’airsoft ?

Les avis sont très variés. Certains en font à l’occasion, d’autres sont un peu plus moqueurs. Certains aimeraient découvrir ce que c’est et, plus rarement, ils considèrent les airsofteurs comme des frustrés vis-à-vis de l’armée.

Quelque chose à ajouter ?

Je ne mets pas en avant mon statut de militaire. J’en parle seulement si on me pose des questions et ça ne fait certainement pas de moi un joueur invincible ! Par contre, je trouve dommage que certains joueurs se sentent obligés de s’inventer un passé de militaire pour je ne sais quelle raison.

Propos recueillis le 26 janvier 2014

Interview de Manu, enquêteur à la Police Judiciaire de Bruxelles

Présente-toi

Manu, 39 ans, enquêteur à la PJ (Police Judiciaire, ndlr.) de Bruxelles depuis 13 ans, marié depuis trois ans et demi et papa de deux enfants ; un petit garçon de deux ans et demi et une petite fille de presque 4 mois.

Je pratique l’airsoft depuis 2006. J’aime bien aider ou même prendre le relais de mon team leader de temps à autres, ainsi qu’aider les reporters d’Airsoft Flash Info. Il m’arrive d’écrire une review de temps en temps, ainsi que quelques autres articles de bricolages divers pouvant s’avérer utiles en airsoft…

Qu’est-ce qui t’a poussé à commencer l’airsoft ?

J’avais besoin, à un moment donné, de sortir faire quelque chose hors de chez moi. Quelque chose qui me permettait d’être dans la nature, de rencontrer des gens et de m’amuser. J’ai voulu acheter une arme pour aller au stand de tir, mais je trouvais ça très cher et la réglementation en la matière très contraignante. Je me suis alors orienté vers les répliques, sans même savoir que ça se jouait aussi en groupe ! Puis j’ai appris, et je continue d’apprendre ;o)

Que t’apporte l’airsoft ?

Une super chouette sortie par mois avec les amis ! Un grand bol d’air ! Une bonne dose de défoulement sans retenue, qui me permet de me vider la tête des soucis quotidiens.

Quels sont les points communs entre l’airsoft et le métier d’agent de police ?

Les règles (vitales !) de sécurité concernant les répliques et les armes. Rien d’autre.

Quelles sont les différences entre l’airsoft et le métier d’agent de police ?

Tout est différent…

L’airsoft est un loisir, sans aucune tension, mis à part les habituelles tensions entre êtres humains.

Le métier de policier engendre un stress fort important ; l’airsoft libère de ce stress. Comme certains nagent, jouent au football ou collectionnent les timbres, moi je cours dans les bois un dimanche par mois avec mes copains et on s’envoie de la bille dans la joie et l’allégresse !

Être policier, c’est endosser de lourdes responsabilités : celles engendrées par le pouvoir sur les autres que nous avons reçu.

Être airsofteur, c’est oublier le policier, l’adulte derrière soi, retomber en enfance, se lâcher et rire beaucoup. Être policier, c’est se souvenir qu’on a une arme chargée à son côté qui doit être prête à servir, en priant pendant toute sa carrière que cela n’arrive jamais.

Être airsofteur, c’est parfois oublier qu’on tient dans les mains une réplique d’arme, même face à l’adversaire, parce que le copain d’à-côté vient de se vautrer dans une flaque de boue et qu’on en rit à n’en plus finir… et savoir que les adversaires, justement, ne tireront pas et riront avec nous. Et que dans les deux minutes qui suivent, les billes voleront dans encore plus de bonne humeur ! OOOOOUUUUUUUUUTTTT !

Que pensent tes collègues du fait que tu fais de l’airsoft ?

Certains sourient et me disent « quel grand gamin ! » et reprennent leur partie de « Candy Crush Saga ». D’autres s’y sont mis à ma suite. Certains viennent ponctuellement jouer avec moi. Tous ceux-là aiment beaucoup ! Mon chef de groupe m’a dit un jour : « C’est un jeu de gamins de merde, mais… nondedjûh ! Ca doit être bien fun quand même ! ».

Quelque chose à ajouter ?

Que ceux qui ont peur des airsofteurs se rassurent : sous des abords menaçants, sous la tenue camouflée, se trouvent des policiers, des militaires, des pompiers, des barmen, des assistants sociaux, des éducateurs, des instituteurs, des boulangers, des moniteurs de sport, des électriciens, des maçons, des entrepreneurs, des informaticiens, des étudiants, de gentes dames aussi ! Des gens normaux quoi ! La seule différence avec le reste de la société, c’est que, parfois, le lundi matin, ils ont l’une ou l’autre petite marque rouge sur le nez ! :o)

Propos recueillis le 14 janvier 2014

Le problème de classification des répliques

Il existe en Belgique un problème avec la classification des répliques d’airsoft. Chez nos voisins français, les répliques d’airsoft sont classifiées comme suit :

Des objets (…) ayant l’apparence d’une arme à feu, destinés à lancer des projectiles rigides, [développant] à la bouche une énergie supérieure à 0,08 joule et inférieure ou égale à 2 joules. décret n° 99-240 du 24 mars 1999 relatif aux conditions de commercialisation de certains objets ayant l’apparence d’une arme à feu

Bref, nous pouvons voir que, contrairement à ce qu’on trouve dans la loi belge, elles ne sont pas considérées comme des armes. En effet, dans la loi belge, on trouve ceci :

« arme non à feu » : « toute arme tirant un ou plusieurs projectiles dont la propulsion ne résulte pas de la combustion de poudre ou d’une amorce » Loi du 8 juin 2006 réglant des activités économiques et individuelles avec des armes, art. 2, 12°

 

Sont réputées armes en vente libre : 1° les armes blanches, les armes non à feu et les armes factices non soumises à une réglementation spéciale Loi du 8 juin 2006 réglant des activités économiques et individuelles avec des armes, art. 3, § 2

Nos répliques sont donc bien considérées comme des armes en Belgique. Pas au même titre qu’une véritable arme, certes, mais l’appelation « arme » reste bel et bien là… Notons quand même que, strictement parlant, la loi belge met aussi bien les armes blanches que les armes factices ou les répliques dans le même sac. Ca a déjà très peu de sens pour les répliques, mais ça en a encore moins pour les jouets…

Bref, il faudrait changer la législation, et la Fédération Belge d’Airsoft a bien l’intention de s’y coller. S’ils ont encore à peu près 800 adhérents, ils pourront enfin lancer la procédure pour faire reconnaître l’airsoft comme un sport par l’Adeps. Notons que la FROS — la partie du BLOSO (équivalent de l’Adeps en communauté flamande) s’occupant des sports amateurs — a déjà officiellement reconnu l’airsoft depuis 2008…

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